A la recherche du familier pour le roi

C'était réellement déstabilisant. Le voilà qui courrait comme si il ne pesait rien. Comme la majorité de son peuple il était très endurant, mais cette magie sylphe était surprenante. Et décidément bien pratique.
Cette gamine était tout de même difficile à rattraper malgré sa petite taille. Enfin, gamine… Plus il voyageait et plus il se rendait compte qu’il valait mieux se méfier de ce genre d’apparences. Les deux autres suivaient également. Il y avait retrouvé Haruka, qu’il avait rencontré lors de son précédent voyage. Celui-ci était en train de s’agiter pour signaler à la petite qu’il ne fallait pas aller à la forêt tout de suite ; en vain. Restait qu’à espérer que ce volatile ne boulotte pas la créature qu’ils sont censés capturer… Et enfin, le petit protégé du roi, qu’il avait rencontré la veille, au palais.

C’était ce jour là qu’il était arrivé à la capitale pour se mettre au service du roi Rosengald. Ce dernier lui avait sauvé la vie deux semaines plus tôt, et Karnak s’était mis à son service jusqu’à ce qu’il lui sauve la vie à son tour. Un engagement qu’il savait probablement irréalisable… Rosengald avait accepté ; mais le pays étant actuellement en paix, aucune tâche d’importance n’avait été confiée à l’orc. Il lui était donc demandé de porter son aide à la population de la manière dont il l’entendrait. Si seulement il avait su qui avait organisé cette mission avant de s’engager…

Ils étaient arrivés dans la forêt. Ils allaient pouvoir mettre de l’ordre dans ce bordel.
Que…
Pourquoi elle s’est pas arrêtée, elle ?!
Gottferdom… plus qu’à la suivre.
La forêt se montrait de plus en plus dense, mais ils étaient entrés par un petit sentier et il suffisait de le suivre. Il faudrait enseigner la patience à cette gamine de n’importe quelle manière.
Le sentier disparaissait face à une grande paroi de pierre. Et la petite n’y était pas. Misère… Et où étaient passés les deux autres ?

-Hey, vous trois ! cria-t-il. Où êtes-vous ?  

Aucune réponse ne vint. Partir à droite ou à gauche risquait de l’égarer encore plus. Revenir en arrière ? Peu probable qu’ils soient à la lisière. Le piaf serait sûrement plus visible d’un point en hauteur. Il regarda le roc qui lui faisait face. Il devait faire quoi, deux, trois-cent mètres ? Il prit pied dans une aspérité et commença son ascension.

Lançant plusieurs flash multiples il garde la créature suffisamment aveugle pour quelle se cogne plusieurs fois contres les arbres finissant par s’assomme elle même.

Il se pose sur sa tête pour le moment et cherche les autres ne voyant personne il se dirige vers un point plus haut laissant les bêtes derrière lui mais espérant que les autres vont bien...

Du haut de la colline, Karnak put avoir un meilleur aperçu des environs.  A moins d’une demi-lieue au sud, d’où ils venaient, la lisière traçait la frontière nette et droite de la forêt, comme si une barrière invisible la séparait des plaines au-delà. Au nord, il put discerner entre les arbres alentours une mer verte-grise qui s’étendait sur des lieues. Une vallée s’étendait en contrebas, et les collines semblaient de plus en plus escarpées au loin. Il en était maintenant sûr, il n’avait aucune chance de retrouver le reste du groupe à pieds là-dedans. Il faudrait espérer qu’un des deux capables de voler s’en sorte à ce compte. Ces bois étaient réputés pour leur dangerosité et il voulait éviter d’être poussé à se signaler avec de la fumée.

Alors qu’il scrutait les alentours à la recherche d’un de ses coéquipiers, un rugissement grave retentit à sa gauche. Il put de justesse esquiver un premier coup, mais un deuxième le cueillit au torse avec une force impressionnante et il alla percuter de plein fouet un arbre plusieurs mètres plus loin. Il se releva, sonné. Il n’avait dû la sauvegarde de sa cage thoracique qu’à son bras gauche qui l’avait protégée. Celui-ci faisait maintenant un mal de chien, mais le guerrier en avait vu d’autres.
Il jaugea son agresseur quelques secondes. Il s’agissait d’une créature humanoïde de plus de trois mètres de haut. Sa peau bleu sombre contrastait avec ses cheveux et sa barbe rouges. Ses longs bras musclés tenaient chacun un gourdin grossièrement plaqué de fer, il se tenait droit sur sa position et affichait un grand sourire. Aucun doute, il s’agissait d’un adversaire très puissant. Karnak était en danger. Ce n’était pas offert tous les jours. Il cracha un filet de sang et sourit.

« Les dieux de la Guerre sont généreux aujourd’hui. Approche mon grand… »

Son adversaire se rua sur lui. Il n’était pas seulement puissant, il était également rapide et précis. Un rapport de force brute serait suicidaire. Karnak s’élança à son tour.
Pendant plusieurs minutes il se contenta d’esquiver les coups du géant, cherchant à le jauger. La moindre erreur serait fatale. Puis il se mit à porter des coups à son tour partout où des ouvertures se présentaient. Son adversaire ayant une grande allonge, l’orc ne pouvait lui porter de blessures graves. L’affrontement se prolongea ainsi plusieurs minutes encore, l’un des combattants optimisant ses mouvements, l’autre s’enrageant et s’épuisant de plus en plus.  
Le géant recula alors. Il soufflait bruyamment, de nombreuses entailles apparaissaient sur son corps et sa peau était recouverte de sang et de sueur. Son regard était tel une lance acérée faite de haine et de rage.  Le monstre puisa dans ce qu’il lui restait d’énergie et se rua en avant en beuglant. Son bras gauche décrivit une grande courbe verticale. Karnak se porta en avant, fit légèrement dévier le gourdin du géant d’un grand coup de hache sur le côté, profita de l’ouverture créée pour se plaquer contre son adversaire et de la main gauche lui planta son couteau dans le torse avant de recevoir un coup de genou qui lui coupa le souffle. Il roula hors de portée, mais son adversaire se contentait de contempler le manche qui dépassait de sa peau. Il releva les yeux juste au moment où une hache séparait sa tête du reste de son corps.
Karnak regarda sa tête de rouquin rouler dans l’herbe. Leur cible est censée être encore plus dangereuse, heureusement que la magie de la « fille » aux cheveux roses, bien que se dissipant de plus en plus, lui avait permis de ne pas être exténué.
Une voix dans son dos le fit sursauter.

« Un dragon à douze heures, l’autre à trois heures, notre cible est vers les huit heures. Où allons-nous ? »

L’orc jeta un bref coup d’œil à Haruka qui se tenait au dessus du sol derrière lui, et se pencha pour casser un morceau de corne sur la tête à ses pieds et le mettre dans une de ses sacoches.

« La fille me semble puissante, elle devrait s’en sortir. J’en suis moins sûr pour ce qui est du doré. Allons à lui. Je te suis. »